Pour l’ajout d’une plaque explicative sur les « monuments » dédiés à Louis Agassiz visibles dans l’espace public en Ville de Neuchâtel.

INTERPELLATION du groupe PopVertSol par Mme Martha Zurita et consorts au Conseil général de la ville de Neuchâtel (07.06.2018)

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Pour l’ajout d’une plaque explicative sur les « monuments » dédiés à Louis Agassiz visibles dans l’espace public en Ville de Neuchâtel.

Lorsque la rue depuis les Jeunes Rives et la place situées sur le campus de la Faculté des lettres et sciences humaines furent nommées Louis Agassiz (1807-1873) la personnalité de ce scientifique n’était pas encore ouvertement controversée, du moins pas à Neuchâtel (aux États-Unis il l’était déjà depuis les années 1960).

Aujourd’hui, la situation est bien différente. A la suite de diverses publications sur sa vie et son oeuvre, il est démontré que Louis Agassiz était un des plus importants racistes « scientifiques » du 19e siècle et également un précurseur de la pensée raciale nazie et de l’idéologie ségrégationniste et d’apartheid.

Rappelons que Louis Agassiz a développé un classement raciste des humains en se posant même la question de savoir si les Noirs relevaient de ce genre. Aux USA, lors de ses recherches soi-disant scientifiques pour définir des races humaines et établir leur classement, il a soutenu qu’il fallait éviter les contacts entre Noirs et Blancs en parquant les premiers – esclaves provenant de la traite – dans les Etats du Sud. Il considérait aussi que les relations interraciales devaient être interdites.

Au vu de ce qui précède, le groupe PopVertSol demande au Conseil communal de répondre aux questions suivantes :

Le Conseil communal, conscient de la réévaluation négative de la personnalité de Louis Agassiz au cours de la dernière décennie, et de l’existence d’un espace et d’une rue sur l’emplacement de la Faculté des lettres et sciences humaines portant le nom de ce ségrégationniste déclaré, est-il disposé à trouver une solution pour résoudre ce problème qui entache notablement l’image de l’université et de l’espace public neuchâtelois, par exemple en ajoutant une plaque explicative qui ne dissimule pas le racisme de ce chercheur ?

De plus, le Conseil communal est-il prêt à intervenir auprès de l’université de Neuchâtel pour que le buste de Louis Agassiz placé dans le hall d’entrée de son bâtiment de l’Avenue du 1er Mars soit lui aussi complété d’une plaque explicative qui fasse état du racisme incarné par ce chercheur ?

De même, le Conseil communal serait-il disposé à adjoindre une plaque explicative qui mentionne le racisme incarné par ce chercheur à côté du tableau de Louis Agassiz suspendu dans le Muséum d’histoire naturelle de la ville de Neuchâtel ?

En résumé, le nom de Louis Agassiz porte en lui, indissolublement, une vision raciste et des valeurs totalement contraires à celles de la dignité humaine et d’égalité de tous les êtres humains prônés par notre Constitution fédérale et neuchâteloise. Le fait que les trois lieux publics importants, et centres culturels majeurs (Espace et rue Louis-Agassiz ; tableau dans le Musée d’histoire naturelle de la ville ; buste dans le hall d’entrée de l’université au Premier-Mars) qui rendent hommage à ce personnage controversé, mérite une adaptation aux connaissances actuelles, voire le retrait des objets en question.

Les nombreuses manifestations antiracistes organisées par la Ville de Neuchâtel depuis quelques temps sont louables mais insuffisantes parce qu’elles ne touchent qu’une très petite part de la population. Les noms d’un espace public, un buste et un tableau sont quant à eux visibles toute l’année et continuent à diffuser une image positive de ce personnage. Il ne suffit plus aujourd’hui d’argumenter que la position de ce chercheur correspondait à l’air du temps et déresponsabiliser ainsi le scientifique de ses actes. Il faut au contraire reconnaitre qu’il existait au même moment des esprits plus éclairés qui faisaient preuve de plus de discernement, comme ce fut heureusement aussi le cas au temps des persécutions des Juifs en Europe pour des motifs racistes.